Chaque année c’est le même rituel, fin mars, début avril tous les prescripteurs du monde entier (courtiers, négociants, journalistes spécialisés, cavistes, sommelier et j’en passe…) sont conviés à Bordeaux afin de déguster, se faire une idée sur les vins du dernier millésime encore en élevage pour des longues mois. Certes c’est un exercice de style, car des échantillons d’un vin ne sont pas toujours identiques, mais c’est un exercice qui devient plus facile quand il s’agit d’un bon voir très bon millésime comme 2015.
Afin de rendre cette dégustation un peu plus objective, l’Union de Grands Crus de Bordeaux a décidé de présenter tous les châteaux (de l’Union), dans un même lieu et dans des mêmes conditions de dégustations, aussi d’abolir complètement les dégustations dit « à l’aveugle ». Ce nouveau format a séduit certains, n’a pas convaincu d’autres, globalement il faut avouer que c’est une bonne chose de donner la même chance à tous les vins…
En préambule, avant d’ouvrir cette chronique consacrée aux primeurs 2015, il faut résumer d’une façon objectives et pragmatique les conditions climatiques du millésime 2015 à Bordeaux.
On a déjà mis une étiquette sur ce millésime avant même que les vendanges soient finies et les raisins rentrés dans les chais.
Oui, bien sûr, on peut constater que c’est un grand millésime, exceptionnel pour la quantité, en vu des petites récoltes sur des millésimes antérieurs. En ce qui concerne sa qualité, les premières dégustations sont très prometteuses, mais il y a des disparités selon les secteurs, selon les châteaux, le millésime n’est pas si homogène qu’on pourrait le croire.
Ce qu’on peut constater du 2015, que c’est un millésime qui met surtout en avant, de façon nette et précise les caractéristiques de chaque terroir, expression de chaque types de sols, on aperçoit là, beaucoup moins l’empreinte d’un vigneron ou œnologue. Ce qui s’avérait passionnant, même excitant au cours des ces dégustations, c’est que la magie des millésimes en 5 a bien fonctionné… oui, c’est un millésime très intéressent de tous les points de vu !
Millésime 2015, une brève analyse des conditions climatiques :
Un hiver sans caractère exceptionnel, pluvieux les deux premiers mois, plus froid entre mi-janvier et mi-février, avec 14 jours de gel. La dernière décade de février perturbée par des précipitations.
Mars, plus frais par rapport à la normale. Les premiers bourgeons sont apparus le 9 avril et le débourrement a commencé à partir du 15 avril pour les Merlots et le 19 pour les Cabernets (une dizaine de jours plut tard que la moyenne décennale).
Très belles conditions d’avril contribuèrent à un débourrement régulier, rapide avec un début de croissance homogène.
La climatologie de mai a permis le développement des rameaux avec l’apparition des premières fleurs fin mai.
Juin, un vrai mois d’été, le plus chaud depuis plus d’un siècle, le plus ensoleillé depuis 25 ans, avec seulement 5 jours de précipitations. Un climat idéal pour une floraison et une nouaison précoces, rapide et homogène.
Un début de l’été sec et chaud entre nouaison et véraison. La sècheresse et les fortes températures de fin juin et juillet ralentissent la phénologie. L’arrêt de croissance est noté au début de la véraison.
Sur certains sols superficiels, les premiers signes de blocage physiologique ont pu être observés. La véraison fut lente en raison de la climatologie très sèche.
Les premières pluies du début de mois août relancent la véraison de façon quasi immédiate. Certainement on a pu constaté que ces pluies du mois d’août ont sauvé le millésime permettant de relancer le fonctionnement de la plante et d’assurer une seconde partie de véraison rapide et homogène.
Cependant cette pluviométrie n’a pas été homogène sur l’ensemble de crus. Saint Emilion a été le plus arrosé en début du mois, le Nord du Médoc présentait le cumul des pluies le plus importent, de ce fait on a pu constaté un grossissement des baies variable selon les crus avec une possibilité d’une dilution du potentiel colorant.
Septembre sec, sans chaleurs excessives assura la maturation complète des différents cépages, octobre, aussi ensoleillé, termina la dernière phase de maturation des Cabernets en améliorant l’extractibilité des composés colorés sans perte excessive d’acidité.
La récolte des blancs secs dans la région des Graves et de Pessac débuta fin août avec une très bonne qualité des raisins, sains, sucrés, fruités et suffisamment acides.
La récolte de raisins rouges débuta avec des Merlots la troisième décade de septembre pour se prolonger avec des Cabernets de du Petit Verdot au-delà de la mi-octobre grâce à une belle météo sans pluies.
A Sauternes et Barsac, la précocité de la pourriture noble fut un facteur clef de la réussite d’un bon, voir très bon millésime (les bons millésimes tardifs sont plutôt minoritaires). Las vendanges 2015 pour les liquoreux furent abondantes et très précoces.
En conclusion :
Les blancs secs sont fruités, denses, frais avec une certaine rondeur.
Les liquoreux sont nets, pures, riches avec une belle fraicheur, élégance et grâce.
Les rouges sont danses, riches, fruité, frais avec des tannins mûrs, élégants, avec une belle longueur, vins pleins de charme.
Pour conclure cette première chronique voici le TOP 50 parmi les vins que j’ai dégusté.
Dans les chroniques qui vont suivre il y aura les commentaires et les notes de vins ci–dessous aux quelles s’ajouterons bien d’autres jolis vins appellation par appellations…
En ce qui concerne la notation des vins ci-dessous, elle très haute entre 17 et 20/20
1) Ausone, Saint Emilion
2) Margaux, Margaux
3) Pétrus, Pomerol
4) Vieux Château Certan, Pomerol
5) Lafleur, Pomerol
6) Palmer, Margaux
7) Latour, Pauillac
8) Cheval Blanc, Saint Emilion
9) Lafite, Pauillac
10) Mouton, Pauillac
11) Yquem, Sauternes
12) Montrose, Saint Estèphe
13) Cos d’Estournel, Saint Estèphe
14) Tertre Roteboeuf, Saint Emilion
16) Angélus, Saint Emilion
17) Pavie, Saint Emilion
18) Valandraud, Saint Emilion
19) Pontet-Canet, Pauillac
20) Domaine de Chevalier rouge, Pessac
21) Smith-Haut-Lafitte rouge, Pessac
22) Larcis-Ducasse, Saint Emilion
23) Pavie-Macquin, Saint Emilion
24) Ducru-Beaucaillou, Saint Julien
25) Les Carmes-Haut-Brion, Pessac
26) Pichon Longueville Lalande, Pauillac
27) La Violette, Pomerol
28) Trottevieille, Saint Emilion
29) Pape Clement rouge, Pessac
30) La Conseillante, Pomerol
31) Canon-la-Gaffelière, Saint Emilion
32) Canon, Saint Emilion
33) Rauzan-Ségla, Margaux
34) Petit-Village, Pomerol
35) Marquis d’Alesme, Margaux
36) Leoville Barton, Saint Julien
37) Leoville Poyferré, Saint Julien
38) Clerc Milon, Pauillac
39) Fleur-Cardinale, Saint Emilion
40) Bellefont-Balcier, Saint Emilion
41) Branaire-Ducru, Saint Julien
42) Malartic-Lagravière, Pessac
43) Clos Fourtet, Saint-Emilion
44) Le Bon Pasteur, Pomerol
45) Lynch Bages, Pauillac
46) La Gaffelière, Saint Emilion
47) Clinet, Pomerol
48) Climens, Barsac
49) Prieuré-Lichine, Margaux
50) Talbot, Saint Julien
Et encore quelques coups de cœurs qui méritent se trouver sur cette liste :
Giscours, Margaux
Domaine de l’A, Castillon
Rol Valentin, Saint Emilion
Lynsolence, Saint Emilion
Roc de Cambes, Côtes de Bourg
De Fargues, Sauternes
La Cabanne, Pomerol
Brane Cantenac, Margaux
Péby Faugères, Saint Emilion
La Fleur de Boüard Le Plus, Lalande-de-Pomerol
Mais qui peut parler mieux du millésime en question, que ceux qui sont au coeur des vignes, au coeur des chais… voici une brève analyse par :
Stéphane Derenoncourt (Derenoncourt Consultants)
Pierre Lurton (DG Château Cheval Blanc et Château d’Yquem)
Philippe Dhalluin (DG Baron Philippe de Rothschild)
Emmanuel de Saint-Salvy (Château Bellefont-Belcier)
Alain Reynaud (Président du Grand Cercle des Vins de Bordeaux)
Adresses utiles :
www.ugcb.net
www.grandcercle.fr
www.derenoncourtconsultants.com
www.lesclesdechateaux.com
www.thunevin.com