Lundi, 8 octobre 11h32, arrivée à la Gare St Jean à Bordeaux, je prends le tram juste en face direction les Aubiers. Terminus, tous le monde descend. Delphine m’attend avec sa voiture et go ! Direction Margaux en passant par la fameuse route des Châteaux.
Dans les vignes beaucoup de mouvement et de précipitation, tous les châteaux sont en vendanges. Comme la météo est très changeante, il faut être très précis et surtout rapide. Nous passons par Margaux où le calme règne en revanche. En fait, j’ai oublié que nous sommes lundi et que les commerces sont donc fermés.
Avant d’arriver au Château, un petit tour par les chemins de vignes, par le plateau de Labégorce. On s’arrête, je prends quelques clichés, il faut immortaliser cette belle vigne sous le soleil. Je goûte quelques baies de merlots, la peau est assez ferme, beaucoup de jus, bien sucré. Je vois que certaines grappes ont souffert de la météo. Pourvu que le soleil continu… Mais il y a quelques gouttes en prévision.
Nous arrivons au Château, ici ça bouge beaucoup entre les tracteurs qui arrivent avec des cagettes de merlot, les machines en plein boom, la table de tri qui tourne en permanence avec les vendangeurs de chaque coté. Chacun a un rôle bien défini à jouer : on trie, on trie à nouveau et on recommence. J’observe tout cela avec beaucoup d’attention, petit à petit l’adrénaline monte, ça y est j’y suis, c’est les vendanges…
Bientôt l’heure du casse-croûte. L’air de Margaux me donne faim. Delphine, Marjolaine et moi mangeons un petit bout à coté, il faut prendre des forces car la journée s’annonce très longue et il faut profiter de ce temps encore clément et sans pluie, pour l’instant du moins… Je me sens très en forme, cette après midi nous allons tourner dans les vignes pour que je puisse voir les déférentes parcelles et leur différents sols.
Nous nous arrêtons dans une parcelle où les vendangeurs ramassent les derniers merlots, je les observe, je me lance dans une parcelle, je coupe aussi quelques grappes. La lumière est encore très belle, nous en profitons pour passer par les vignes en direction du château. En arrivant au chai, j’enfile ma « tenue de combat » et prends place à la table de tri. Ici tout va très vite, tout est orchestré à la perfection. Les cagettes sont vidées rapidement sur la table, les grappes défilent devant mes yeux, il faut être bien vigilant, tous les petits bouts de rafles, les impuretés et les mauvais grains prennent direction de la poubelle, sans pitié ! Je prends conscience comment cette étape est importante.
Ma première journée « vigneronne » prend fin, je suis totalement imprégnée par ce parfum très particulier du chai, de raisins frais et de feuilles de vigne. Je sors à l’extérieur, la nuit commence à tomber, je n’en crois pas mes yeux, quel spectacle inattendu : un magnifique arc-en-ciel au dessus du vignoble. Quelle chance ai-je de finir cette journée avec une image pareille ! Demain ça sera un autre jour…
Le lendemain, je passe la matinée au chai avec Saïd qui prépare les remontages de trois cuves de second vin. Il m’explique son boulot, raconte quelques anecdotes, « les échos du chai »… Saïd a toujours été là, avant même que la famille Perrodo acquière le Château en 1989. Il connaît tout par cœur, ce chai est presque sa maison. Je goûte les premiers moûts qui sortent d’une cuve, en effet ça commence à prendre la couleur, le jus est très sucré.
Une autre cuve est en remplissage, je monte au dessus pour voir la qualité de baies, ce sont toujours des merlots avec juste quelques petits verdots. Ici je suis plus au calme. Mis à part le petit bruit d’une pompe, c’est une atmosphère quasi monacale. Un tour ensuite au labo juste à coté où on mesure le sucre des baies qui arrivent et pour l’instant pas de souci, les degrés sont là.
Bientôt c’est l’heure du casse-croute à nouveau, mon sandwich poulet mayo est le bienvenu.
Dans l’après-midi, nous faisons avec Marjolaine un saut dans une parcelle de médoc. Quelques goutes commencent à tomber. Les merlots sont très jolis, mais il faut patienter encore, pourvu que la pluie n’arrive pas tout de suite.
Je décide de finir ma journée à la table de tri, finalement cette tache me plait assez. J’observe ces petites billes noires qui sautent, glissent et finissent dans la cuve. Je retrouve toujours le même parfum, fraicheur de fruits et de feuilles. Ca me fait presque méditer, ça m’enivre.
Ce soir ; c’est sortie ville, avec Delphine nous faisons un tour à Bordeaux
Le matin qui suit, nous passons à Marquis d’Alesme. C’est toujours le même rituel. Le bruit des tracteurs qui arrivent directement de la vigne avec les cagettes remplies de grappes, le ronronnement de la table de tri qui tourne en permanence, les vendangeurs qui s’agglutinent autour avec leurs mains très habiles sont prêts à intervenir. Les grappes défilent sagement sur la table, tous ce qui est mauvais termine vite et sans pitié à la poubelle ! Les cuves se remplissent une à une. Je sens toujours cette incertitude, le chemin est encore long, très long avant d’arriver à savourer ce breuvage divin pour lequel beaucoup se sont donné du mal.
Les journées passent, sans se ressembler vraiment, le vin travaille à sa façon, en silence ! Il ne faut plus le déranger… J’ai désormais hâte de le goûter, une fois qu’il aura pris sa véritable forme… Ca y est, mon rendez-vous est déjà pris pour les dégustations primeurs, je suis impatiente, j’attends le printemps…
Grand Zoom sur Les Vignobles Labégorce
Château Labégorce, Margaux
Le Château sur la propriété fût réalisé par l’architecte Corcelles (1765-1843) dans le style Louis XVI A la fin du XIX° siècle il a subi de nombreux travaux de rénovation dirigé par architecte Minvielle.
Aujourd’hui le vignoble de 63ha contigüe aux châteaux Margaux et Lascombe occupe du parcellaire d’origine après la fusion en 2009 avec Labégorce-Zédé.
Encépagement :
50% Cabernet Sauvignon
40% Merlot
2% Cabernet Franc
8% Petit Verdot
Terroir :
70% Sablo-graveleux
30% Sablo-limoneux
Rondement moyen de 44hl/ha
Vinification en béton et inox
Elevage 15 mois en barriques (60% neuves)
Production env. 160 000 bouteilles
Les vins : Château Labégorce et Zédé de Labégorc (Second vin)
Château Marquis d’Alesme, 3ème GCC Margaux
Le vignoble, parmi les premiers connus à Margaux fût crée en 1585 par le Marquis d’Alesme.
Acheté par la famille Perrodo en 2006, aujourd’hui fait objet de renouveau avec la construction du nouveau chai, ainsi que le travail sur le vignoble : nouvelles plantations, travail sur le drainage du sol, retour aux labours traditionnels.
Superficie : 15ha
Encépagement :
65% Cabernet Sauvignon
30% Merlot
5 % Petit Verdot
Terroir :
40% Silico-graveleux
40% Silico-marneux
20% Argilo-Calcaire
Vinification en cuves bois
Elevage 18 mois en barriques (70% neuves)
Production environs 70 000 bouteilles
Les vins : Château Marquis d’Alesme et Marquise d’Alesme (Second vin)