La dernière, 32e édition de « Benvenuto Brunello » 2023 en novembre dernier à Montalcino (Toscane), nous a mis plein les yeux avec en dégustation 310 différentes cuvées provenant de 118 producteurs.
Dans les verres nous avions Brunello 2019 et Riserva 2018, aussi Rosso di Montalcino 2022 et les deux autres dénominations : Moscadello et Sant’Antimo.
Je me suis concentrée surtout sur les deux Brunello livrables mises en lumière pour la première fois, donc le 2019 et le Riserva 2018, extrêmement intéressants en dégustation, surtout le millésime 2019, qui a obtenu 5 étoiles, la mention du millésime exceptionnel. À rappeler que le 2018 est un excellent millésime ayant obtenu 4 étoiles.
Brunello di Montalcino : un vin qui incarne sans aucun doute, l’identité territoriale et l’excellence des vins rouges toscans. Avec son cépage unique, le Sangiovese, connu localement sous le nom de « brunello », il se distingue par sa diversité et sa forte personnalité grâce à son terroir qui exprime haut et fort les nuances du Sangiovese. Aussi, l’importance du savoir-faire du vigneron donne naissance à des vins ultras identitaires, d’un goût inimitable, en revanche ils demandent de la patience avant de les savourer.
Brunello fait partie de ces vins, auxquels il faut donner le temps au temps.
Aujourd’hui, le vignoble de Montalcino compte 3200 ha de vignes classés en DOC et DOCG, dont 2100 ha enregistrés pour Brunello DOCG, avec une récolte maximale de 7000 kg/ha, sans aucun changement ni évolution de sa superficie depuis 1997, pour une production moyenne de 9 millions de bouteilles à l’année.
Cette limitation garantit une stabilité économique au cru, qui reste très prisé surtout sur le marché international malgré les crises actuelles.
Point économique
Aujourd’hui les vins de Brunello di Montalcino DOCG vont très bien, et l’état de santé de l’appellation est au beau fixe.
« Il reste peu de quantités des millésimes déjà mis sur le marché, et ce n’est certainement pas une mauvaise nouvelle, surtout pour nos membres qui, depuis de nombreuses années, suivent une politique conservatrice en matière de quantité et recherchent davantage de qualité. Le dernier millésime commercial, 2018, a déjà mis sur le marché 85% de son potentiel, et le reste sera réalisé dans les prochains mois. L’appellation Brunello di Montalcino, avec plus de 50% de vignobles certifiés biologiques, est en bon équilibre, avec peu de stock en cave, ce qui confirme que le segment du luxe s’avère anticyclique ». A conclu le président du Consortium Brunello di Montalcino, Fabrizio Bindocci.
Selon le rapport publié à la fin d’octobre, le Brunello 2018 mis en circulation dès janvier dernier, représentait 8,5 millions de bouteilles sur un total de 10 millions. Également, un démarrage en fanfare pour un très attendu 2019 (5 étoiles), qui sera mis en marché dès janvier 2024.
Ce qui est très intéressant à signaler, que Rosso di Montalcino commence à connaitre, lui aussi, une tendance à la pénurie, donc le Consortium Brunello di Montalcino a ouvert une discussion avec ses membres sur la possibilité d’augmenter de la surface viticole pour le Rosso, qui n’a jamais bougé depuis 26 ans.
Affaire à suivre…
Tourisme viticole
Montalcino est une destination touristique très en vogue, aujourd’hui elle confirme son statut comme une destination viticole de plus en plus cosmopolite. Les amateurs de vin européens sont en tête, suivie par les Américains, les touristes asiatiques et l’Océanie qui explose les compteurs, au total +17% d’augmentation de la fréquentation touristique par rapport à des années précédentes, y compris la période pré-Covid.
Avant de vous présenter mes coups de coeur de la dégustation de Brunello 2019 et Brunello Réserva 2018, voici le résumé de la météo :
Millésime 2019 (classé 5 étoiles, exceptionnel)
L’hiver avec des températures légèrement supérieures à la moyenne des dernières années, sauf au début de mois de janvier avec de températures négatives. Les précipitations se sont concentrées à la fin de janvier et au début de février.
Le débourrement se déroulait normalement, les températures moyennes d’environ 10°C en mars, avril et mai ont entraîné un ralentissement végétatif d’environ deux semaines.
Il n’y a pas eu de précipitations significatives en juin et juillet, à l’exception d’un phénomène important à la fin du mois de juillet, avec environ 70 mm en deux jours.
Les températures moyennes au cours de ces deux mois ont été comprises entre 20°C et 25°C, en revanche, en août aucune précipitation enregistrée, sauf à la fin du mois, avec les températures dans la fourchette habituelle, et des maxima entre 30 et 35°C.
Grâce aux réserves d’eau accumulées et aux températures qui n’ont jamais atteint des sommets trop élevés, le feuillage est resté plus ou moins intact et efficace pour protéger les grappes.
Ça a permis une maturation lente et homogène des raisins, idéale pour obtenir une maturité phénolique et technologique parfaite, également aux amplitudes de températures dures et nocturnes.
Les pluies de la première semaine de septembre, juste avant les vendanges, ont permis d’équilibrer de baies en teneur en sucre.
Au finale, la récolte de Sangiovese était en excellent état sanitaire, a donné de vins qui se caractérisent par leur élégance et leur finesse incroyable, des tanins équilibrés et fins, avec de notes très profondes de fruits frais, d’épices douces, une fraicheur remarquable, qui sont très agréables à la dégustation dès maintenant, montrant également leur capacité d’une longue garde.
Mes coups de coeur Brunello 2019
Argiano – Vigna del Suolo
Canalicchio di Sopra – Vigna la Casaccia
Casa Raia
Casanova di Neri – Tenuta Nuova
Castello Romitorio – Filo di Seta
Ciacci Piccolomini d’Aragona – Pianrosso
Col d’Orcia
Donatella Cinelli Colombini – Progetto Prime Donne
Fattoria dei Barbi – Vigna del Fiore
La Fiorita
IL Poggione
La Rasina – Persante
Lisini
Mastrojanni – Vigna Loreto
Poggio di Sotto
Renieri
Salvioni La Cerbaiola
San Polo – Vignavecchia
Sesta di Sopra – Magistra
Talenti – Piero
Tassi – Vigna Colombaiolo
Uccelliera
Val di Suga – Poggio al Ganchio
Millésime 2018 (classé 4 étoiles, excellent)
Hiver caractérisé par des précipitations moyennes et un peu de neige, ce qui a permis de compenser le manque considérable d’eau. L’année a commencé avec des températures supérieures à la moyenne saisonnière, qui ont duré jusqu’à la fin du mois de février, où l’on a assisté à une chute brutale des températures avec des chutes de neige qui ont touché toute la zone, et des températures minimales atteignant presque -10°C.
Le mois de mars a été marqué par de légères chutes de neige et de pluie, avec des températures minimales inférieures à 0 et des températures maximales supérieures à 15° à la fin du mois.
En avril, mois du débourrement, les précipitations ont été sporadiques et les températures basses avec une forte forte augmentation dans la seconde partie du mois.
Les pluies fréquentes et abondantes en mai, accompagnées de températures élevées, ont permis un développement végétatif optimal avec la floraison qui a commencé à la fin du mois.
Grâce à l’importante humidité accumulée dans le sol, les vignobles ont pu résister aux températures élevées des mois de juin et juillet. La nouaison s’est achevée sur l’ensemble de la zone à la mi-juin. En revanche, la véraison a connu un léger retard et a commencé dans la deuxième moitié de juillet.
Août a été caractérisé par des pluies faibles et intermittentes et des températures moyennes de 25°C pour finir avec une baisse significative des températures, allant jusqu’à 12°C, ce qui a entraîné une maturation inégale.
La première semaine de septembre a été marquée par quelques jours de pluie, avec des températures maximales de 30°C, garantissant une bonne maturation.
En revanche, à partir de la deuxième quinzaine de septembre les fortes précipitations et les températures de 20 °C ont contraint les producteurs à avancer la récolte du Sangiovese afin de garantir l’état sanitaire optimum des raisins.
Au finale, la récolte de Sangiovese était saine, avec de baies de taille moyenne, les vins produits sont élégants et raffinés, avec une structure moyenne, mais avec des tanins équilibrés, bien construits, dotés d’une bonne finesse, des notes de fruits frais sont bien présents avec leur aromatique captivante.
Mes coups coeur Brunello Riserva 2018
Banfi – Poggio alle Mura
Casanuova delle Cerbaie – Vigna Montosoli
Collemattoni – Vigna Fontelontano
La Lecciaia
La Poderina – Poggio Abate
Pian delle Vigne – Vignaferrovia
Sesti – Phenomena
Tenuta di Sesta – Duelecci Est
Tenuta la Fuga – Le Due Sorelle
Tenuta San Giorgio – Ugolforte
Tiezzi – Vigna Soccorso
Verbena
Mieux comprendre Brunello, bref rappel historique :
L’histoire viticole de Montalcino est un véritable voyage dans le temps, où l’ancienne tradition remonte à l’époque étrusque, au IVe siècle av. J.-C. Les vestiges archéologiques témoignent de la présence de vignes et de la production de vin dans cette région depuis des millénaires.
Cependant, c’est seulement au XIXe siècle que naît le fameux vin Brunello. Les viticulteurs de Montalcino commencent alors à produire un vin rouge exceptionnel à partir d’un cépage cultivé localement. Ce cépage, connu sous le nom de « Brunello » ou « Brunellino », est identifié comme une variété de Sangiovese. Il devient rapidement très prisé en raison de sa capacité à produire des vins d’une qualité incomparable qui se bonifient avec le temps.
En revanche, ce n’est qu’au cours de la deuxième moitié du XXe siècle que le Brunello obtient enfin sa juste reconnaissance. Le 28 mars 1966, il est officiellement reconnu comme une DOC (AOC), puis le 1er juillet 1980, il accède au statut suprême de la dénomination d’origine contrôlée et garantie (DOCG), une sorte d’AOC+. Cette reconnaissance tant attendue consacre la qualité et l’excellence de vins du Brunello di Montalcino.
Depuis près de six décennies, le Consorzio (le Conseil Interprofessionnel des vins de Brunello di Montalcino), déploie tous ses efforts pour protéger cette appellation prestigieuse ainsi que son territoire et préserver la qualité et l’identité uniques de ses vins. Une mission noble qui témoigne de l’engagement indéfectible envers l’excellence et la tradition viticole de Montalcino.
Les collines de Montalcino, un véritable paradis viticole
Les collines verdoyantes de Montalcino s’étendent à perte de vue, recouvertes en grande partie par des forêts majestueuses.
Sur les 24 000 hectares que compte la commune, seulement 3500 hectares sont dédiés à la vigne, dont précisément 2100 hectares produisent le fameux Brunello di Montalcino.
Les sols qui composent ces collines formant une mosaïque pédologique très complexe.
En descendant les collines, on trouve des terroirs souples, composés d’argiles et de sables datant du quaternaire. Mais plus on grimpe, plus la structure du sol évolue, devenant calcaire, voire schisteuse, avec des couches de marnes propices à la production de vins de grande qualité.
Le climat de Montalcino est typiquement méditerranéen, avec des influences continentales. Situé à seulement 100 kilomètres de la mer, le territoire est protégé des gelées ou des givres, grâce à la présence régulière du vent. Au sud, le mont Amiata, culminant à 1740 mètres d’altitude, joue le rôle protecteur, préservant le vignoble des forts aléas climatiques et offrant un microclimat privilégié.
Tout au long du cycle végétatif de la vigne, le climat doux de Montalcino, associé aux nuits fraîches en altitude, favorise une maturation équilibrée des raisins. Les amplitudes thermiques dures et nocturnes préservent une fraicheur incomparable dans les baies et confèrent aux vins une grande complexité aromatique.
Le cahier de charges strict pour la production de Brunello de Montalcino DOCG
Tout d’abord, le vin doit être exclusivement issu du cépage Sangiovese, appelé ici « brunello »,et produit dans l’aire d’appellation.
Pour sa mise en marché, le vin peut être commercialisé à partir du mois de janvier de la cinquième année suivant la vendange. Durant son élevage, il doit passer au minimum 2 ans sous bois. Cela permet d’améliorer la structure et la complexité aromatique du vin avec un affinage minimum de 4 à 6 mois en bouteille, en revanche pour la catégorie Riserva, un an supplémentaire d’élevage est nécessaire.
Ces exigences strictes garantissent au Brunello de Montalcino DOCG sa qualité premium, reflétant son cépage unique sur le terroir unique et le savoir-faire des producteurs.
Chaque année, depuis 32 ans, depuis la première édition de « Benvenuto Brunello », une tradition unique illumine les murs du Palais Municipal de Montalcino. Une petite plaque en céramique est dévoilée et encadrée pour immortaliser la naissance du nouveau millésime de Brunello.
Ainsi, ce village pittoresque devient une galerie d’art contemporain à ciel ouvert où l’art et le vin se rejoignent harmonieusement. Chaque plaque est une œuvre d’art unique conçue par des artistes contemporains, qui témoignent de l’importance du Brunello dans la culture et l’histoire de cette région.
Adresses utiles :