Qu’est – ce qu’un vin / terroir mythique ? Existent – ils ? Témoignage de Laurence Brun, Château Dassault STEGCC

Laurence Brun (Gérant et Directeur de Château Dassault Saint Emilion GCC) dévoile sa version intéressante et très personnelle  de la notion vin / terroir mythique…

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Chateau Dassault Saint Emilion GCC

« La première catégorie, c’est le vin mythique qui est historiquement mythique. C’est-à-dire que ça n’est pas moi qui l’ai rendu mythique mais les gens qui par l’histoire, de génération en génération – donc un phénomène de durée automatiquement, un phénomène de rareté sûrement – ont placé ce vin dans une catégorie de quelque chose qui est difficile à acquérir, difficile à approcher et qui ne peut engendrer que du plaisir. On a l’impression que c’est obligé d’avoir du plaisir avec ces vins là. Parce que la rareté, et le terroir bien évidemment.

La deuxième chose du vin mythique pour moi c’est quel est le vin qui pour moi… Quel est le vin que j’ai préféré dans ma vie et qui m’a donné la chair de poule, qui a fait que dans ma vie je me souviendrais de ce vin plutôt qu’un autre. Pour moi, c’était une expérience avec papa, avec du Cheval Blanc 47, j’ai eu de la chance de boire ça !  C’est une expérience personnelle que peut-être je ne retrouverai plus, c’est lié à moi, à ma personne, à un moment dans ma vie et c’est un souvenir qui est dans ma tête et restera à jamais… Mais après si on parle de vin mythique, c’est quelque chose qui doit rester dans une dimension générale pour tout le monde. C’est donc le terroir, c’est la puissance et l’émotion qu’un terroir peut donner. C’est cette émotion donnée par un côté un peu unique qu’on ne trouve pas dans un autre vin.

Le facteur humain est très importent aussi, bien sûr. Est-ce que le terroir suffit ? Est-ce le terroir plus le facteur humain ? Est-ce que si on parle de Petrus, comment Petrus existe ? S’il n’y avait pas eu les hommes pour le mettre en avant et faire valoir ce terroir, est-ce que Petrus serait ce qu’il est aujourd’hui, avec toute la notoriété et le fait qu’il soit demandé dans le monde entier ? A un moment donné, il y a donc le facteur humain, de gens qui ont travaillé dans la propriété et qui ont su mettre en avant le terroir à ce moment là. Mais s’il y a un facteur humain et qu’il n’y a pas le terroir… Il faut vraiment les deux, sinon tu ne peux pas avoir un vin mythique… Il y a un tas de propriétés qui ont des gens qui font un super beau boulot, mais s’il n’y a pas le terroir… ça va être de l’émotion, bien sûr, çà va être bien fait, mais… il n’y aura pas le petit plus qui fait que tout d’un coup… Tu sais quand tu as le vin en bouche, l’amplitude et la longueur… C’est ça aussi. Et la dimension humaine est importante mais elle ne fait pas tout, il faut vraiment les deux. Et le terroir, c’est pareil, s’il est là, tout-seul, et qu’à un moment donné il n’y a personne qui a su le mettre en avant… Il peut passer à côté… »