Qu’est – ce qu’un vin / terroir mythique ? Existent – ils ? Témoignage de Gérard Vié

Je termine cette première série de témoignages et interviews sur le sujet de « vin et terroir mythique » avec celui de Gérard Vié qui n’est pas une personnalité du monde du vin, mais une Grande personnalité du monde de la Haute Gastronomie. En fait, le vin et la gastronomie sont toujours lié plus qu’à jamais… 

Gérard Vié, ancien chef étoilé (2* Michelin) de « Trois Marches » au Trianon à Versailles, aujourd’hui c’est un restaurent de Gordon Ramsay (2* Michelin). Gérard Vié reste toujours copropriétaire du Potager du Roi à Versailles et Consultant International. Il parle avec ses expériences personelles et anecdotes de la notion vin et terroir mythique…

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Gérard Vié, ancien chef étoilé de « Trois Marches » au Trianon à Versailles

« Je vous fais une réponse singulière, pour moi un « vin mythique » est tout d’abord une expérience personnelle, je vous parlerai de Haut Marbuzet, Saint Estephe, pour moi il est mythique, parce que c’est un vin de ma famille, c’est un vin de mon enfance, c’est un vin de mes premiers émois… Quand nous nous sommes installés au Trianon à Versailles, on a toujours suivi ce vin. Evidemment, il n’est pas à la hauteur d’un Latour, ou d’un autre Premier Grand Cru Classé ! Mais, si vous voulez, pour moi, il est toujours un « mythique », parce que c’est un vin de mes souvenirs et je trouve ça extraordinaire… quand on aime quelque chose, on lui trouve toutes les vertus…

Si on parle de quelque chose plus Grand, je vous parlerai sûrement de Petrus et de la Romanée Conti. Petrus… J’ai un souvenir extraordinaire…! Je connaissais un restaurateur, ici à Versailles, qui avait sur sa carte les magnums de Petrus à de prix dérisoires, à l’époque un magnum coûtait 600 francs, c’était rien du tout, c’était extraordinaire ! En plus, il n’en vendait pas beaucoup, il en avait 60 dans sa cave. Un jour je lui ai demandé, s’il acceptait un deal. Il s’agissait de réserver une table tous le lundis soir avec mes amis et prendre un magnum de Petrus à table. Au bout de quelques mois on a commencé à sympathiser et il a peut-être compris que ces bouteilles il pouvait les vendre beaucoup plus cher. Un lundi soir il me dit : dites donc, vous m’avez pris pour un imbécile avec les Petrus ! Je garde tout ce qui reste… En fait il lui en restait encore 40. Je lui ai demandé une faveur, comme cette année là je fêtais mes 50 ans, donc j’ai invité chez lui 80  chefs, tous les copains, nous avons bu les 20 magnifiques magnums de Petrus à table, c’était un souvenir exceptionnel…!

Pour la Romanée Conti, j’ai un souvenir anecdotique, c’était dans les années 90. Un jour j’étais invité, je me souviens, avec Bernard Loiseau et d’autre copains chefs à une dégustation exclusive, à une petite verticale d’une dizaine de millésimes de la Romanée Conti. C’était le « Cadeau de Dieu »,  nous avons même gouté des vieux crus. C’était une chance exceptionnelle, ce sont les Vins de Dieu, inoubliables… »