Depuis des nombreuses années, j’ai la chance de pouvoir participer aux dégustations primeurs organisées par l’Union des Grands Crus de Bordeaux, aujourd’hui présidée par Olivier Bernard (Domaine de Chevalier).
Les années passent et ne se ressemblent pas, chacune est une nouvelle aventure, un nouveau voyage à la rencontre d’un millésime, qui parfois se dévoile facilement ou qui nous cache jusqu’au bout bien des surprises. Le rituel est sinon toujours le même avec une organisation quasi parfaite, pour ne pas dire tout simplement parfaite. En effet, depuis sa création en 1973, l’UGCB a pris de la bouteille.
Cette année encore, les primeurs affichent complets, avec ces 6000 professionnels du secteur du vin et de très nombreux journalistes des quatre coins du monde qui se sont donnés un RDV habituel à Bordeaux et ce malgré une conjoncture pas très favorable.
Comme je l’ai déjà signalée, chaque millésime est une nouveau voyage, un nouveau départ qui commence bien avant qu’on le découvre sagement en passant en revu plusieurs centaines de vins (soit à l’aveugle, soit avec l’étiquette) assis devant son ordinateur ou un simple carnet de note. Bien évidemment, tous commence à la vigne et pour un millésime comme 2012, cette notion de terroir et de travaille bien fait était primordiale. Comme disaient les sages, c’est le millésime des grands terroirs et des bons vinificateurs, et il fallait être là, au bon endroit, et surtout savoir prendre la bonne décision au bon moment.
En parlant de la climatologie du millésime 2012, je citerai quelques mots de Dany Rolland qui résument bien cette situation :
« 2012, encore des sueurs froides jusqu’au dernier moment ! Un millésime de terroirs précoces, donc plutôt favorable au merlot comme 1998, mais avec des situations si hétérogènes que, plus que jamais, la qualité dépendra des terroirs, du travail des hommes et des bons choix techniques au vignoble (labour, travaux en vert, petits rendements… pour atteindre une bonne maturité), et au chai grâce à la sélection et une vinification appropriée à chaque parcelle ou cépage »
Comme à l’accoutumée, le professeur Denis Dubordieu analyse en détails chaque millésime et, cette année encore, son analyse s’avère plus que nécessaire pour un millésime qui a déjà fait couler beaucoup d’encre…
Voici en bref son analyse de la climatologie 2012 :
Année plutôt tardive, marquée par un printemps désespérément humide, un été exceptionnellement sec, un automne perturbé et imposant des vendanges rapides.
Un printemps hivernal retardant la croissance de la vigne et provoquant le début de l’hétérogénéité. Après un mois de décembre doux et arrosé, le début d’année fut sec et froid.
Un début de printemps très pluvieux et frais a retardé considérablement le débourrement, lequel a commencé fin mars pour les parcelles les plus précoces, et observé seulement mi-avril pour les autres parcelles. Le début de la croissance fut ralenti par ce climat maussade. Les premières fleurs apparurent tardivement fin mai. Avec ce printemps anormalement pluvieux, la virulence du mildiou fut extrême.
On a observé l’étalement de la véraison avec la maturation irrégulière dû à un été tardif, véritablement chaud qu’à partir de la mi-août. La véraison lente pour les Cabernets avec la maturité hétérogène fut l’une des caractéristiques du millésime 2012.
Les mois d’août et septembre furent secs, sans chaleurs excessives et ont favorisé une maturation lente. De ces faits, les vendanges furent généralement moins précoces que les années précédentes, très perturbés par une arrière-saison pluvieuse et maussade.
Les vendanges de blanc sec dans des Graves et Pessac se déroulèrent la première moitié du mois de septembre par un temps ensoleillé et sec, et les raisins présentaient un état sanitaire parfait.
Les Merlots sont ramassés dès le 25 septembre, les Cabernets dès la deuxième semaine d’octobre.
Les vendanges en Sauternais furent compliquées dû à la sècheresse estivale et aux pluies de l’automne.
En conclusion : le millésime 2012 donne des très bons blanc sec. Des grands Merlots sur leurs terroirs de prédilection, soit calcaires, argileux ou argileux graveleux, des Cabernets hétérogènes, sur certains terroirs manquant un peu de maturité, des Petits Verdots bons mais pas exceptionnels, ainsi que des Sauternes plutôt rares mais purs et équilibrés.