C’est avec un grand plaisir que j’écris cette chronique sur le domaine allemand Dr. Bürklin-Wolf au centre de la région du Palatinat, sur sa fameuse route de vins.
Sans vraiment le savoir, je connaissais ce domaine depuis quelques années déjà. Et tout ça demande évidemment quelques explications. En effet, depuis de nombreuses années, je participe en qualité de jury à l’un des plus grands Concours Internationaux des Vins : Mundusvini, lequel se déroule à Neustadt au cœur de la route de vins de Palatinat. Pendant la durée, du concours nous habitons dans un petit village viticole, Deidesheim, entouré par un océan de vignes. Comme par hasard, une partie du vignoble du domaine Dr. Bürklin-Wolf se trouve à une petite centaine de mètres de l’hôtel. Chaque année, nous somme également invité à déjeuneur dans le restaurant qui appartient au domaine, un passage « obligé » par le vignoble où se trouvent quelques belles parcelles du domaine en 1ers et en grands crus sur la commune de Ruppertsberg.
Ce qu’il est important à signaler, c’est que ce domaine, avec ses 100 ha de vignes, est le plus grand domaine viticole allemand tenu par des particuliers. Fondé en 1597, le domaine a atteint sa taille actuelle à la fin du XIX siècle. La famille Bürklin est une famille à grandes traditions, les propriétaires furent à la fois hommes politiques, hommes de lettre et vignerons. Aujourd’hui, c’est Bettina Bürklin qui a pris la succession de son père et gère le domaine depuis 1990.
Le terroir et le climat doux de Palatinat favorisent les vins blancs, surtout le Riesling. Au Domaine Dr. Bürklin-Wolf, on classifie les vins de Riesling avec un modèle unique inspiré de celui de la Bourgogne, ce qui est en contradiction avec la législation en vigueur. Ce système respecte les spécificités du terroir, le rendement et la qualité de la récolte. La classification des sols guide le domaine dans la hiérarchisation du vignoble en grands crus, premiers crus et crus. La production favorise les vins secs à haute maturité avec des rendements très faibles de 30 à 50 hl/ha, tous issus de terroirs remarquables en grands crus de Forst ou de Deidesheim, lesquels sont les communes avoisinantes et Ruppertsberg. Les Rieslings de ces terroirs basaltiques sont cristallins, très savoureux et minéraux.
Dès 2005, le vignoble est entièrement cultivé en biodynamie. Aujourd’hui il est le seul domaine étranger qui fait partie d’un groupement Biodyvin (de Syndicat International des Vignerons en Culture Bio-Dynamique) présidé par Olivier Humbrecht, regroupant 90 domaines français en culture biodynamique.
Biodynamie – mode emploi…
Proposée en 1924 par Rudolf Steiner pour répondre aux préoccupations des agriculteurs qui voyaient déjà leur terre en danger, la biodynamie est une méthode de culture qui va beaucoup plus loin que d’exclure seulement l’emploi de produits chimiques de synthèse.
La culture biodynamique est avant tout un travail de soin de la terre. Il s’agit d’en assurer l’équilibre et de créer des conditions de vie harmonieuses entre : terre – plante – environnement.
Les soins qui favorisent :
L’amélioration de la qualité de la terre par la présence d’une grande variété de bactéries.
Un meilleur enracinement de la plante, avec des racines plus denses, plus allongées.
Un meilleur développement des feuilles et des fleurs par l’apport d’énergie nécessaire à une fructification harmonieuse.
La vigne, comme tout autre domaine agricole est considérée comme un organisme vivant. Le sol cultivé n’est pas un simple support pour la vigne mais bien un milieu de vie, source d’énergie pour la plante tout comme son environnement aérien. Ainsi, la vigne – organisme médian – crée et nourrit son terroir dans ce milieu habité et vivant qui entoure la racine. Les échanges entre la biologie du sol, son système racinaire et foliaire permettent l’expression du terroir dans les raisins. La pratique en viticulture doit être très élaborée pour compenser le risque de déséquilibre dû à cette monoculture.
Depuis plus de 50 ans, diverses expérimentations ont permis de constater les influences cosmiques sur la croissance des plantes. Celle-ci semble liée aux positions de la lune, du soleil et des planètes par rapport aux constellations. Un calendrier, lié à ces observations a été mise au point. Les travaux et traitements de la vigne peuvent être magnifiés par le choix des dates d’intervention.
Si l’équilibre est atteint, la plante se défendra seule ou plutôt elle n’appellera pas le parasite (cryptogames, insectes ou acariens). Cependant, on aura parfois à intervenir pour aider la plante avec des tisanes, décoctions ou dilutions homéopathiques de plantes et si indispensable, des produits naturelles comme le cuivre et le soufre.