Depuis longtemps je m’apprête à écrire sur le Châteauneuf-du-Pape, cette appellation emblématique de la Vallée du Rhône, qui n’arrête pas à me surprendre, à chaque visite, à chaque dégustation.
Châteauneuf-du-Pape, le nom qui chante, le nom qui définit non seulement l’un de vins le plus prestigieux, mais aussi, il exprime une richesse viticole, historique et culturelle extraordinaire.
Cette année, l’appellation célèbre un siècle d’expérience collective face aux défis techniques, environnementaux, juridiques, économiques et surtout humains avec la création, il y a tout juste 100 ans, le 4 octobre 1923, de syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape, afin de lutter contre les fraudes et défendre leur vignoble.
Emmenée par une petite poignée de vignerons et de hommes de convictions comme Emile Armenier, maire de la commune, Paul Avril, vigneron et président du syndicat agricole, une délégation de nombreux vignerons sollicitent l’aide du juriste Baron Leroy de Boiseaumarié (devenu vigneron au Château Fortia), construire le concept inédit d’Appellation d’Origine Contrôlée, consacrant ainsi, Châteauneuf-du-Pape comme la 1ère AOC de France en 1936.
Entre Orange et Avignon, les communes de Châteauneuf-du-Pape, Courthézon, Orange, Bédarrides et Sorgues pérennisent l’héritage culturel laissé par les hommes et les femmes qui ont fait l’histoire du vignoble de Châteauneuf-du-Pape.
Ce sont les Papes qui, lors de leur installation à Avignon au XIVe siècle, ont révélé le terroir extraordinaire de Châteauneuf-du-Pape.
C’est sous le règne du Pape Jean XXII, le village devient résidence d’été de la papauté.
Quant au précieux nectar élaboré en ces lieux, dont le nom restera pour toujours lié à celui de la papauté, il accède tout naturellement au rang de « Vin du Pape », en gagnant la table réputée du Palais des Papes à Avignon.
Les commandes renouvelées chaque année atteignent plus de trois mille litres par an. Lors des festivités qui y sont données, il est servi aux ambassadeurs et d’autres représentants des cours étrangères, qui tombent sous son charme et en font la promotion dans leur pays.
C’est une consécration absolue qui lui ouvre les portes des grandes cours européennes.
Le Châteauneuf-du-Pape n’est pas seulement un nom, c’est un terroir d’exception qui produit les vins d’exception.
Châteauneuf-du-Pape, fièrement perché sur une colline de 120 mètres, est un lieu empreint d’histoire et de richesses. Niché entre les cités prestigieuses d’Avignon et d’Orange, ce lieu regorge de trésors, notamment son vignoble intimement lié au Rhône.
Au fil des millions d’années, les mers ont laissé derrière elles de puissantes couches de sédiments, créant un sous-sol exceptionnel pour les vignes d’aujourd’hui. Le Rhône, au cours des ères géologiques, a façonné cette région, donnant naissance au “domaine rhodanien” qui témoigne de sa grandeur sur une période de 2,5 millions d’années.
Le Quaternaire a ensuite apporté des périodes glaciaires et tempérées. Le Rhône a sculpté le paysage unique en déposant des terrasses alluviales de cailloutis provenant des Alpes, s’étendant sur des centaines de kilomètres. La plus ancienne de ces terrasses surplombe les collines de Châteauneuf-du-Pape, offrant au vignoble une beauté saisissante avec ses galets fauves reposant sur des argiles rouges.
Les vins qui naissent de ces terres sont intimement liés à ce lieu. Chaque gorgée révèle un héritage millénaire, une alchimie unique entre le Rhône et le terroir façonné par ce fleuve.
Trois terroirs uniques pour de vins uniques :
Les calcaires crétacés à l’ouest de l’appellation.
Ces sols sont principalement constitués de roches calcaires avec quelques bancs marneux (mélange de calcaire et d’argile).
Les sables, grès et marnes à l’est et au nord de l’appellation.
Ces sols se sont formés lorsque le Rhône s’est retiré, et ils se situent entre des zones boisées et des plateaux caillouteux.
Et enfin, les fameuses terrasses de galets roulés présentent sur les plateaux les plus élevés, ainsi que dans les régions nord et sud de l’appellation.
Cette diversité de sol est une richesse extraordinaire pour chaque vigneron, qui peut jouer sur cette mosaïque de terroirs pour élaborer leurs cuvées ou au contraire jouant sur une sélection parcellaire pour de cuvées ultras identitaires.
Châteauneuf-du-Pape, est une seule et unique appellation qui peut utiliser dans les assemblages de chaque cuvée les 13 cépages. C’est une rareté dans le monde du vin d’aujourd’hui, qui donne aux producteurs une possibilité inépuisable d’élaborer chacune de cuvée.
La tradition veut que les vins d’ici naissent de treize cépages, chacun apportant sa particularité à l’ensemble comme la couleur, la charpente, le parfum, la fraîcheur ou encore longévité.
Chaque vigneron puise librement dans cette collection pour élaborer son vin.
Ce qui est particulièrement original : les vins peuvent être assemblés au gré de chacun, comme une cuvée comportant 100% de Grenache ou une autre assemblant les 13 cépages.
Cette symphonie est ainsi l’œuvre de chaque vigneron, selon son l’inspiration, son expérience ou encore les caractéristiques de son terroir et de son vignoble. Les domaines y puisent une typicité inégalable de cuvées ultras identitaires.
En effet, la richesse de chacun de 13 cépages peut rentrer dans l’assemblage si bien de vins rouges (93% de la production), que de vins blancs (7% de la production).
Voici ce patrimoine ampélographique extraordinaire de 13 cépages de Châteauneuf-du-Pape :
Grenache (noir, gris et blanc)
Syrah
Mourvèdre
Cinsault
Clairette (blanche et rose)
Vaccarèse
Bourboulenc
Roussanne
Counoise
Muscardin
Picpoul (blanc, gris et noir)
Picardan
Terret noir
Le grenache est un cépage roi, qui prédomine dans de nombreuses cuvées produites de nos jours dans l’appellation Châteauneuf.
Il est originaire de la péninsule ibérique et ici à Châteauneuf-du-Pape il a trouvé son terroir de prédilection.
Il s’adapte particulièrement bien aux sols pauvres et secs de cette appellation, il résiste à la chaleur et aux fréquents mistrals.
Le grenache apporte aux vins, la structure, la puissance et l’aptitude au vieillissement. Souvent, les producteurs l’assemblent avec mourvèdre, syrah ou cinsault, dans des assemblages classiques ou 100% grenache pour de grandes cuvées parcellaires. En tout cas, les possibilités sont illimitées.
La production de vins d’appellation Châteauneuf-du-Pape, comme d’autres vins d’appellation contrôlée est strictement réglementée par de divers décrets.
C’est justement, il y a un siècle, que de vignerons soucieux de garantir un produit original et de qualité ont imposé de règles strictes aux vins et vignobles de Châteauneuf et créé l’appellation (AOC) en 1936.
Appellation Châteauneuf-du-Pape en quelques chiffres clés :
1ère AOC de France par décret du 15 mai 1936
3150 ha de vignes en production
5 communes : Châteauneuf-du-Pape, Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues.
300 producteurs
90 000 hl de vin produit par millésime en moyenne soit environ 12 millions de cols
93% production de vins rouges
7% production de vins blancs
L’AOC s’appuie sur 13 cépages, dont le grenache est majoritaire
Climat exceptionnel l’empreint de soleil et de mistral
L’export 66% des volumes
35% des surfaces de l’AOC en agriculture biologique ou biodynamie
Voici mon Top 10 de domaines que j’apprécie tout particulièrement pour leur diversité et leur cuvées ultra identitaires :
Domaine la Barroche
Clos des Papes
Domaine du Banneret
Clos Saint Jean
Château de Beaucastel
Domaine de la Janasse
Domaine de Marcoux
Domaine l’Abbé Dîne
Domaine Pegau
Clos du Mont-Olivet
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