La Pologne, jusqu’à maintenant inconnue au bataillon parmi les pays producteurs de vin, se lance à grands pas dans la viticulture. A l’heure où la « Vieille Europe » viticole vit dans la crise et arrache la vigne, la Pologne, surtout connue pour ces excellentes vodkas et sa bière, plante la vigne en masse grâce à quelques « fous » de la viticulture et du vin, de gens passionnés et passionnants.
Alors que les vignerons polonais n’ont pu sortir de clandestinité que depuis seulement un peu plus d’un an, ils peuvent à présent produire et commercialiser en toute légalité le fruits de leurs production.
En juillet 2008 le parlement polonais a adopté une loi qui a donné une existence officielle à de petites exploitations viticoles produisant du vin et pouvant le commercialiser.Ce fût une très longue bataille de quelques mordus et passionnés qui s’est enfin finie par un succès. Oui, le vin polonais existe bel et bien réellement.
Malgré quelques antécédents d’existence sur le territoire de la vigne au moyen age, ainsi que la climatologie de plus en plus favorable avec le réchauffement climatique, la Pologne ne risque pas faire de l’ombre aux grands producteurs mondiaux du vins, ni même à l’échelle européenne. La route est longue et très difficile, mais déjà bien tracée.
Avec la christianisation des Pays du Nord et de l’Est, ainsi que les besoins de l’Eglise en vin de messe toujours en forte augmentation, de réels problèmes de transport et surtout de conservation du vin poussent les couvents et les moines à se lancer dans la viticulture en plantant la vigne sur ces territoires. Au XIIè siècle déjà, on a trouvé de réels signes de la viticulture polonaise dans le sud du pays et en Basse-Silésie. A ce jour on trouve encore beaucoup de villages avec des noms à connotation viticole.
Actuellement on distingue environ 400 ha de vignes et l’existence de 200 vignerons. Il est d’ailleurs, très difficile de faire une statistique car, selon Roman Mysliwiec, précurseur de la nouvelle viticulture polonaise et propriétaire de quelques 2 ha au pieds des Carpates, on ne sait pas vraiment distinguer où se trouve la limite entre la vraie vigne et le jardin avec quelques plantes de vignes, situation qui se croise assez fréquemment.
La plupart des vignerons polonais possèdent seulement quelques ares. Les propriétés comptent entre 0,10 ha et jusqu’à 17 ha pour l’un des plus grands domaines du pays winnica Miekinia de Lech Jaworek en Basse-Silésie au sud-ouest du pays. Le climat ici et le terroir sont très favorables. Tout proche de la Saxe en Allemagne, ils s’y prêtent à une belle production du riesling, du gewurztraminer, du sylvaner, du rülander et du chardonnay.
Roman Mysliwiec, le pionnier de la viticulture, a créé en 1982 déjà son domaine, winnica Golesz, dans une petite commune, Jaslo, au pied de Carpates. Sa philosophie de la viticulture est très simple, elle consiste à expérimenter différents types de cépages sur son terroir et voir quelles sont leurs possibilités d’épanouissement dans le climat local. Sur la base de cépages existants provenants de différents centres de recherches sur la vigne, il crée des croisements plus résistants au climat polonais.
Son rôle dans la viticulture est très important. Grâce à ses recherches, tout un programme de formation qu’il dirige, les futurs vignerons polonais peuvent se lancer sans craintes dans cette grande et belle aventure. Malgré encore souvent cette viticulture très amateur, les pronostiques sont plutôt optimistes, car d’ici quelques années la production peut même doubler. Avec un développement en masse d’agrotourisme, les créations de petits domaines viticoles peuvent apporter un plus dans le tourisme gastronomique et viticole plus en plus en vogue. Certes, on ne devient pas un vigneron de renommée, ou un vigneron tout court, en quelques jours ni quelques mois, mais quand la voie est grande ouverte, et surtout quand la passion est là, tout devient plus simple et possible.
