Commencer l’année par une dégustation exceptionnelle, celle du millésime 2015 de la DRC, on ne peut pas imaginer mieux !
C’était une journée de janvier plutôt froide, avec quelques rayons du soleil qui apparaissent timidement au dessus du vignoble de Vosne-Romanée.
C’est le Jour J pour mon RDV au Domaine de la Romanée Conti pour la dégustation sur fût du 2015 avant la mise en bouteilles.
Il faut préciser que ce n’est pas la première fois que je me rends au domaine, mais à chaque fois le sentiment reste le même, c’est l’émotion qui prend dessus… Personnellement j’appelle ça un pèlerinage qui me conduit en silence dans ce lieu qui peut paraître tout à fait ordinaire, mais qui est tout simplement extraordinaire…
Quand on franchi la porte du domaine, en pénétrant dans la cours, on se sent complètement habité par ce lieu monastique, car la cave (une des caves du domaine) se trouve dans cet ancien vendangeoir des Moines de Saint-Vivant de Vergy. C’est exactement ici que les moines avaient leur cuverie et leurs caves.
Ce bâtiment et les caves ont été rénovés par le Domaine de la Romanée-Conti et mis en service en 2010, et aujourd’hui ces caves abritent pour élevage tous les vins du domaine sur les millésimes impairs, dont celui du 2015, que je m’apprête à goûter sur fût, le millésime qui sera embouteillé d’ici peu.
Aujourd’hui, j’ai cette chance de déguster les vins en présence de Bernard Noblet, maître de chai, fidèle « serviteur » du domaine depuis près de 40 ans, il est une vraie encyclopédie de tous ces millésimes qu’il a élaboré sans oublier des anecdotes pleins de poches liées à la naissance de chaque millésime…
Il nous met toute suite à l’aise en racontant tout d’abord l’histoire des Moines de Saint-Vivant qui étaient bien à l’origine des vignobles de la Romanée-Conti et de la Romanée Saint-Vivant, considérés à juste titre comme les plus grandes vins au monde !
A propos :
L’Abbaye de Saint Vivant fondée au IXème siècle, devenu Prieuré clusien au XIIème, maintient le souvenir d’une communauté monastique établie à Vergy, il y a plus d’un millénaire. En 1131 ils défrichent « la terre inculte de Flagey et de Vosne », donation du duc de Bourgogne, créant ainsi des terroirs, complétés par quelques rachats de vignes limitrophes (au XIIIème) qui vont devenir la Romanée Conti et la Romanée Saint-Vivant…
Et maintenant direction la cave…
Je ne cache pas, qu’en franchissant la porte de la cave en passant par un petit escalier très étroit, il faut tout d’abord apprivoiser ce lieu en douceur, cette atmosphère monastique de moines de Saint-Vivant.
Nous pénétrons dans le royaume de Saint-Vivent où dans un calme absolu et la sérénité reposent les barriques sagement alignées de tous les vins du domaine sur le millésime 2015.
Bernard Noblet parle brièvement du millésime, qu’il considère comme excellent, sauf pour les quantités qui manquent terriblement, mise à part des aléas climatiques, la sélection est toujours draconienne au domaine, chaque grain de raisin doit être parfait.
Dans la vigne, comme il dit, c’est très simple, il faut tout simplement être vigilant, savoir observer et savoir écouter la nature, ne jamais agir contre elle !
Pour la futaille, c’est toujours François Frères à 90% avec le toastage mini à moyen, et bien sûr, toujours la rafle, la vendange entière entre 70 et 100% selon les crus et les millésimes.
Tasting 2015 en fût :
Echézeaux (4,6737 ha)
Attaque nette, puissant, fruits noirs mûrs, bonne concentration, tanins racés, petite prise de bois (bois nef), finale fraiche, vin gourmand.
Grands-Echézeaux (3,5263 ha)
Certain massivité à l’attaque, belle construction, fruits rouges et noirs bien présents, jolie profondeur avec une certaine virilité, tanins racés, tension, fraicheur en finale.
Romanée Saint-Vivant (5,2858 ha)
Toucher fin, soyeux, note florale très prononcée, rose séchée, petits fruits rouges acidulés, excellente matière, vin précis, droit avec une structure tannique poudreuse, grande élégance avec son petit coté sauvage, fraicheur en finale (ce vin n’a pas été soutiré).
Tout le lot des pièces se trouve dans une petite partie de la cave qui ressemble étrangement à une chapelle secrète de Moines…
Richebourg (3,511 ha)
Attaque nette, précise, puissant, fraiche, note florale, cerise noire, note vanillé (prise de bois un peu plus importante), structure tannique racée, finale fraiche, puissance toute en élégance, vin séducteur.
La Tâche (Monopole de 6,062 ha)
Toucher net, beaucoup de précision à l’attaque, fraicheur, petite réduction qui s’en va rapidement, note florale, petits fruits noirs très mûrs, tanins nobles, finale toute en longueur, très fraiche, excellente construction de l’ensemble, vin assez viril.
La Romanée-Conti (Monopole de 1,814 ha)
Toucher très fin, légèreté, toute en dentelle, vin presque aérien, note florale, boutons de rose blanche avec quelques pétales, petits fruits noirs légèrement acidulés, framboise, fraise de bois, tanins poudreux, soyeux, vin d’une grande élégance et modestie avec une persistance, finale fraiche, délicate et très longue, toujours cette pureté exceptionnelle d’un pinot noir très fin (ce vin n’a pas été soutiré).
C’est un vin qui ne se livre pas facilement, pas tout de suite en tout cas, il a besoin être compris, c’est un vin de méditation par excellence…
Apres cette expérience gustative dans la cave des Moines, changement de décor.
On traverse le village de Vosne, à quelques pats, me voilà dans la cave principale, là où se trouve le chai, là où on stocke les précieux flacons et là où sont élevés les millésimes pairs.
En faite, la dégustation n’est pas encore finie. Nous la poursuivons avec des vins misères, bien évidemment venant du domaine.
Bernard Noblet ramène des bouteilles couvertes d’une couche de poussière : deux rouges et un blanc.
On commence par les rouges, comme d’habitude on essaye de trouver le cru, le millésime, exercice certes assez difficile mais ludique au même temps…
Au finale il s’agit d’un :
Richebourg 2008
Ce millésime a subi des macérations préfermentaires très longues.
On retrouve ce coté de fleurs séchées avec une petite note de réduction, qui disparaît très vite, épicée douces avec les tanins fins en finale, belle longueur.
Richebourg 1990
Ce 1990 est très intéressent, vinifié 100% en grappes entières, millésime lumineux, pas très chaud, qui lui a permis de garder une excellente fraicheur et tension. La rafle ralentie considérablement évolution du vin. Il a une belle expression de fraicheur avec une structure tannique fine et racée, il a encore beaucoup à donner dans l’avenir.
Et pour le Blanc il s’agit d’un Batard Montrachet 2008
Ce dernier n’est pas du tout commercialisé. Le domaine possède juste 17 ars d’une très vieille vigne de plus que 85 ans qui produit une à deux pièces selon les années.
Attaque fraiche, droit, belle note beurrée, grillée, mielleux, noisette, fruits blancs, beaucoup de tension, note saline en finale, la toujours longueur.
Certes, c’est un grand moment de dégustation…
Mot de la fin :
« Nous sommes les gardiens d’une certaine philosophie du vin et surtout nous sommes soucieux de la perfection des détails », « nous n’avons pas droit à l’erreur… » Auber de Villaine
Grand zoom sur la Romanée-Conti :
Au cœur de la Côte de Nuits en plein milieu des climats de Vosne-Romanée, la Romanée-Conti est celui dont la réputation est à son juste titre la plus éclatante. Cette minuscule parcelle de vignes de 1,814 ha est une véritable Reine parmi d’autres grands crus qui l’entourent. Sa position toujours considérée comme la plus avantageuse, ni trop haute, ni trop basse (à 260 m d’altitude) parfaitement au milieu pour que le fruit obtienne la plus parfaite maturité. Plus élevée à l’occident, exposée vers le soleil levant, elle capte les premiers rayons du soleil matinal, qui lui procure la plus douce chaleur du jour. Par sa petite taille, ainsi que sa position géographique on aurait pu considérer, que son sol est très homogène. A vrai dire, il est très nuancé entre le haut et le bas de la parcelle. Le sol du bas a une profondeur qui varie entre 30 et 50 cm et repose sur du calcaire à entroques. Le sol du haut est plus profond et repose sur une couche de marne jaune avant d’atteindre le calcaire à entroques. La pierrosité est beaucoup plus importante en haut de la parcelle qu’en bas. Ceci est variable en surface mais surtout en profondeur. En revanche la texture du sol entre le haut et le bas varie très peu, avec 40% d’argiles, 35% de limon et 25% de sable. Le Pinot Noir de type fin et très fin s’y plaît beaucoup et toute cette alchimie fonctionne à merveille pour donner le meilleur d’elle-même.
PORTFOLIO
Adresses utiles :