Anteprima Montefalco 2024 Met En Lumière Sagrantino 2020, Millésime Exceptionnel 5* • Vin Wino Wine

Anteprima Montefalco 2024 fête sa 1re décennie en fanfares avec la mise en lumière de Montefalco Sagrantino DOCG 2020, le millésime exceptionnel, classé 5*, qui nous a littéralement enchanté dans sa version livrable, par son équilibre sans faille, sa fraicheur de fruits mûrs, ses tannins racés, plutôt polis, sans aucune agressivité, sa finale fraiche avec de bonnes acidités, le vin vibrant et dynamique, digne de son millésime.

Depuis 10 ans, je goûte de Sagrantino côte à côte de la quasi totalité de producteurs, et c’est la première fois, que je vois une telle homogénéité dans chacune de cuvée, même si récemment nous avons déjà eu quelques millésimes exceptionnels comme : 2019, 2016 et 2015.

Sagrantino c’est un véritable phénomène, un symbole de Montefalco, fait partie de peu de vins en Ombrie, qui réussissent à représenter par excellence le concept de terroir. Il peut être produit exclusivement dans la petite zone de collines de Montefalco, aussi en partie dans les communes de Bevagna, Castel Ritaldi, Giano dell’Umbria et Gualdo Cattaneo.

Nous sommes au coeur de l’Ombrie, où le vin est l’une des principales cultures agricoles de la région, avec les céréales, les oliviers et le tabac.

L’Ombrie, dans son ensemble produit 21 vins d’appellation : 2 DOCG, 13 DOC et 6 IGT.

Montefalco Sagrantino fait partie de l’une de deux DOCG (avec Torgiano Rosso Riserva).

Les vins de Montefalco représentent 22 % de la production totale de vins d’appellation de l’Ombrie, dont le Montefalco Sagrantino DOCG représente 8 %, le Montefalco DOC 14 %.

La vigne de Sagrantino existe dans cette zone depuis plusieurs siècles, elle a été cultivée par les premiers frères franciscains arrivés dans la région en 1209, sous l’impulsion de Saint François d’Assis. Le breuvage obtenu servait sans doute pour de rites religieux.

L1005074 — Vue sur le vignoble de Tabarrini

Découvrir ce cépage rouge si particulier, qui ne ressemble à aucun d’autre, considéré comme le plus tannique au monde, donnant de vins aux robes sombres, quasi noirs, concentrés avec un fort potentiel d’alcool, allant jusqu’à 17 degrés selon les millésimes, c’était pour moi une véritable révélation.

Au fil de temps, de dégustations, de rencontres avec de producteurs, passer le temps avec eux, beaucoup de temps à regarder leur travail, observer leurs méthodes de vinifications et d’élevage, aller avec eux dans les vignes, bref petit à petit, je l’ai compris, je l’ai apprivoisé, j’ai commencé à l’aimer et même à l’adorer. Aujourd’hui, je le considère comme un cépage le plus incroyable et le plus déroutant que j’ai pu connaître et déguster.

Économie :

À l’origine, le Sagrantino était produit dans sa version passito, soit le vin moelleux à la base de raisins passerillés, consommé surtout pour de grandes occasions et pour de fêtes où comme un vin d’accueil.

Seulement au début des années 70, et grâce à l’action de quelques vignerons comme Arnoldo Caprai (Azienda Agricola Arnoldo Caprai), ensuite son fils Marco, qui ont cru au potentiel et à la grande qualité de Sagrantino, aussi et surtout dans sa version non sucré. Pari 100% gagné, depuis 50 ans Sagrantino poursuit son expansion en devenant un symbole incontournable de collines de Montefalco.

L1005291 — Différentes tailles dans les vignes de Sagrantino chez Marco Caprai (Arnoldo Caprai)

Marco continue les expérimentations sur les différentes facettes de Sagrantino en fonction de la taille de vignes : en cordone speronato (classique), en guyot, en lyre ou en gobelet, mais aussi au chai avec de différents modes de vinification et d’élevage, avec de résultats très satisfaisants.

Montefalco Sagrantino avec son assomption extrêmement rapide, est reconnu en 1979 en appellation DOC et en 1992 passe en DOCG, accède à la plus haute marche des AOC.

Sans parler de sa remarquable croissance, en 1992 Montefalco Sagrantino DOCG compte seulement 66 ha de vignes qu’aujourd’hui, trois décennies plus tard, l’appellation compte 390 ha de vignes avec une production, qui au fil des années a doublé et arrive à environ 1 million de bouteilles par an.

Un autre changement clé, est l’inclusion de la notion « Umbria » comme l’indication régionale sur l’étiquette – un défi collectif qui a combiné la réalité des consortiums de vins de la région dans un effort d’homogénéité et d’unanimité. Les deux DOCG d’Ombrie, dont Montefalco Sagrantino ont déjà reçu l’approbation de la modification du cahier des charges par leurs assemblées respectives.

En 2021, le Consorzio Tutela Vini Montefalco a approuvé la modification du cahier des charges du Montefalco DOC et du Montefalco Sagrantino DOCG qui donne la possibilité aux producteurs d’inclure sur l’étiquette l’indication géographique régionale « Umbria ».

L’objectif principal de ce changement est de valoriser et de faire connaître la région dans son ensemble, ainsi de renforcer la collaboration entre les différents territoires, notamment en ce qui concerne la promotion du secteur vitivinicole.

Tous unis dans l’objectif commun de positionner la marque « Umbria » sur la scène internationale avec un objectif synergique mis en œuvre par la région en 2021 et qui se poursuit aujourd’hui.

Selon les derniers chiffres (2023), une bonne centaine de vignerons produits de vins de Montefalco rouges et blancs (86% de rouges pour 14% de blancs).

Aujourd’hui 79 viticulteurs produisent Montefalco Sagrantino DOCG, dont 65 embouteillent.

68 producteurs de vins de Montefalco sont membres du Consortium de vins de Montefalco

Marché :

38% de la production totale est exportée

Les principaux pays : États-Unis (13%), Allemagne (4%), Belgique (3%), Japon (3%) et 40 d’autres pays d’Europe, d’Amérique, d’Asie, d’Afrique…

Millésime 2020 (exceptionnel 5*)

Le millésime 2020 a été caractérisé par un hiver assez doux et sec, suivi d’un début de printemps aux températures supérieures à la moyenne. Ensuite, la vigne a connu une soudaine vague de froid avec des températures particulièrement basses, avec de la neige dans certaines zones et même du gel et de la grêle. En mai et juin, des pluies abondantes et persistantes ont permis aux vignes de bénéficier d’une excellente alimentation en eau, ce qui leur a permis de bien résister à la chaleur extrême de l’été, sans subir aucun stress hydrique. Les températures estivales ont été importantes, surtout en juillet. En revanche, la fin du mois d’août a connu un changement climatique brutal avec une baisse relative des températures moyennes et le début d’une période fraiche et humide.

En conclusion, les vendanges ont été assez tardives et le climat sec de la fin septembre a permis d’obtenir des raisins sains, parfaitement mûrs et équilibrés en acidité et sucre.

Grâce à l’année régulière, caractérisée par une récolte progressive, équilibrée, en particulier pour les variétés plus tardives comme le Sagrantino et le Trebbiano Spoletino, a permis récolté et amené en cave des raisins de la plus haute qualité. En plus de la grande qualité de la récolte, la quantité était également remarquable, sauf dans les zones qui ont connu des gelées printanières et des tempêtes de grêle.

Dans l’ensemble, les vins du millésime 2020 sont séduisants, parfaits au niveau de la maturité du fruit, sont plains et pulpeux, sont vibrants et dynamiques avec de tannins parfaitement mûrs, sont savoureux, d’une grande élégance avec une excellente fraicheur et acidité. Un millésime parfait avec une belle buvabilité dès maintenant, mais son potentiel de vieillissement à très long terme est indéniable, se que je vous conseille personnellement.

Avec le Sagrantino, il ne faut jamais être pressé, il faut toujours donner du temps au temps, surtout dans les grands millésimes, comme 2020. Au bout de 10 ans, il commence à s’exprimer à sa juste valeur et donner du véritable plaisir gustatif.

L1005146 — Sagrantino au mois de juin, à rappeler, que c’est un cépage tardif, vendangé en octobre (vigne chez Bocale)

Cette année, une vingtaine de producteurs a présenté les livrables 2020, à savoir que la plupart de vins va encore rester en cave pour se bonifier en bouteille avant de retrouver le marché. Aujourd’hui, la majorité de producteurs n’a même pas embouteillé le millésime 2020, qui est encore en élevage, pas de précipitation, ce sont les vins de niche qui retrouve le marché au moment venu, quand ils sont prêts.

Rappel du cahier de charges : Montefalco Sagrantino DOCG peut sortir en livrable seulement à la 4^e année d’élevage, pour être juste, il doit rester 37 mois en élevage à partir de décembre de l’année de vendange, dont minimum 12 mois obligatoire sous-bois et minimum 4 mois en bouteille.

L1005332 — Chai d’élevage chez Antonelli

Pour la plupart de vignerons, Montefalco Sagrantino DOCG représente un tout petit pourcentage de la production totale du domaine, presque tous produisent d’autres vins comme : Montefalco Rosso DOC, Montefalco Bianco DOC, Trebbiano Spoletino, Spoleto DOC, Grechetto ou encore quelques Spumante.

Aujourd’hui sur le marché, on trouve surtout le 2018 pour le Sagrantino, mais aussi 2016, 2015 et même 2014, et ce n’est pas, parce que les vins ne se vendent pas, c’est parce que traditionnellement, les producteurs gardent le Sagrantino longtemps en élevage, surtout en affinage en bouteille, ça peut même durer plusieurs années.

L1005249 — Chai d’élevage « très artistique » chez Dionigi

Depuis quelques années, l’image de Sagrantino évolue avec la nouvelle génération de vignerons, qui arrivent dans les domaines, on remarque de recherches sur la conduite de la vigne, la mode d’élevage en jouant sur la diversité de contenants (inox, béton, tonneaux, foudres, demi-muids, barriques ou encore les amphores), afin de réduire le côté tonique du cépage, en revanche, quelle que soit la technique, le temps passé en élevage est primordiale, il garantit l’identité du vin et du cépage.