« Benvenuto Brunello 2022 » présente les livrables 2018 et Riserva 2017
Brunello di Montalcino est un vin vraiment à part dans le paysage de tous les vins rouges toscans. Il affiche haut et fort son identité territoriale. Issu uniquement d’un seul cépage celui de Sangiovese, appelé ici brunello, il joue surtout sur la mosaïque de terroirs, exposition de parcelles et bien évidemment la patte du vigneron avec sa vision du beau et du bon. J’avoue que cette dernière notion quant à elle, elle s’efface très vite par rapport à l’identité du lieu et de son cépage.
À rappeler que depuis la fin des années 90’ la surface viticole de Brunello s’est arrêté à 2100 ha de vignes en production avec aujourd’hui un rondement de 7000 kg/ha de la récolte au maximum, sans aucune possibilité d’augmenter cette surface, en tout cas, ce n’est pas à l’ordre du jour pour le moment.
Cela permet d’avoir une bonne stabilité économique du cru, qui est toujours au top et recherché sur le marché international, malgré les diverses crises qui s’accumulent aujourd’hui, ses ventes explosent, (à savoir que le prix moyen d’une bouteille de Brunello ne dépasse pas 27 euros), la progression qui dépasse même 25% en valeur sur certains marchés, comme Amérique du Nord.
Il faut parler aussi d’une offre oenotouristique assez extraordinaire avec de diverses activités proposées par de caves ouvertes au public avec leur proximité dans une zone limitée, qui facilite de visites et les déplacements de touristes qui trouvent facilement de chambres d’hôtes et la restauration sur place.
Cette année, en novembre, pour la 31e édition de « Benvenuto Brunello » nous avons dégusté les livrables : Brunello di Montalcino 2018 et Brunello Riserva 2017 avant leur commercialisation dès janvier prochain.
C’était une véritable grande messe avec la mise en épreuve de ces deux millésimes. Je parle ici uniquement du Brunello, qui fait objet de ma chronique, mail il y avait également la possibilité de découvrir Rosso di Montalcino 2021 avant sa commercialisation.
Avant de vous présenter mes coups de cœur de la dégustation, qui s’avérait très intéressante et plaine de surprises, car il s’agissait de deux bons millésimes (classés 4*), mais sans aucun doute assez compliqués.
Il est importent de s’arrêter sur un bref rappel historique sur Brunello di Montalcino, qui fait partie de pépites incontournables de vins toscans.
L’histoire viticole à Montalcino est très ancienne, les découvertes archéologiques remontent à l’époque étrusque (IV° siècle avant J.C), prouvent qu’il y avait de la vigne et qu’on a toujours fait du vin dans cette zone.
En revanche la naissance du vin Brunello remonte seulement au XIX° siècle. Les agriculteurs de Montalcino commencent à produire le vin rouge à partir d’un cépage cultivé dans cette zone. Ce cépage appelé ici « Brunello » ou « Brunellino » qui sera identifié à la même époque comme une variété de Sangiovese. Le cépage très prisé, car il était capable de produire de vins d’une très grande qualité au long vieillissement.
En revanche, seulement durant la deuxième moitié du XXe siècle le Brunello obtient sa reconnaissance par obtention d’un DOC (AOC) le 28 mars 1966 et le 1 juillet 1980 d’une consécration suprême en passant en DOCG (dénomination d’origine contrôlée et garantie), c’est genre d’une AOC++.
Depuis bientôt six décennies, que le Consorzio (Conseil Interprofessionnel de vins de Brunello di Montalcino)) met tout en œuvre pour protéger l’appellation, son territoire, la qualité et l’identité de ses vins.
Les collines de Montalcino sont recouvertes sur sa majeure partie par des forêts. Le territoire de la commune de Montalcino s’étale sur 24 000 ha dont 15% seulement soit 3500 ha sont plantés en vigne dont 2100 ha précisément produisent le fameux Brunello di Montalcino.
Les collines sont constituées de plusieurs zones pédologiques très complexes : la plus basse constituée par des terroirs assez souples d’époque quaternaire, puis en remontant, les terroirs s’enrichissent dans sa structure, les sols deviennent calcaires, même parfois schisteux avec de bonnes couches de marnes, excellentes pour la production de vins de très grande qualité.
Le climat de Montalcino est typiquement méditerranéen (la mer est à 100 km à peine) à tendances sèches avec des connotations continentales.
Les zones de collines moyennes sont rarement touchées par le brouillard, rarement gelé ou givré grâce à la présence régulière du vent. Au sud, domine le mont Amiata de 1740 mètres d’altitude qui protège le territoire de Brunello de divers phénomènes et aléas climatiques et lui fournit un microclimat très privilégié.
Pendant toutes les phases végétatives de la vigne, le climat est généralement doux, avec de nuits fraiches en altitude, ce qui assure une maturation équilibrée et complète des baies qui gardent une excellente fraicheur.
Le cahier de charges pour la production de Brunello de Montalcino DOCG est très strict :
Le vin doit être issu exclusivement de Sangiovese (appelé ici « brunello »), avec la mise en marché dès mois de janvier de la cinquième année après la vendange.
Durant cette période, le vin passe minimum 2 ans sous bois avec au minimum de 4 à 6 mois d’affinage en bouteille en fonction de sa catégorie. À signaler que Riserva reste une année de plus en élevage.
Bref rappel en chiffres :
Surface totale du territoire : 24 000 ha
Surface du vignoble : 3500 ha
Brunello di Montalcino DOCG : 2100 ha
Rosso di Montalcino DOC : 510 ha
Moscadello di Montalcino DOC : 50 ha
Sant’Antimo DOC : 480 ha
D’autres vins : 360 ha
Chaque année, depuis plus que trois décennies, afin d’immortaliser chaque vendange, une petite plaque en céramique est encadrée dans le mur du Palais Municipal au centre de Montalcino. Chacune d’elle est réalisée par un ou des artistes contemporains pour célébrer la naissance du nouveau millésime de Brunello (Benvenuto Brunello).
Le village de Montalcino constitue ainsi une galerie d’art contemporain à ciel ouvert dédiée au Brunello.
La dernière, celle du millésime 2022 représente Dionysos, divinité de la vigne et du vin de l’Olympe grec. Elle est créée par l’artiste Brunello Cucinelli et signe le 31e millésime de « Benvenuto Brunello » (Bienvenu Brunello).
À savoir que depuis 1945, à chaque millésime sont attribuées les étoiles, qui correspondent à la qualité de la vendange du millésime, au maximum 5 étoiles pour un millésime dit « exceptionnel ».
Voici la liste des millésimes dits « exceptionnel » soit 5*, depuis sa première classification en 1945 :
1945 1955 1961 1964 1970 1975 1985 1988 1990 1995 1997 2004 2006 2007 2010 2012 2015 2016 2019 2020
À la dernière édition « Benvenuto Brunello » en novembre nous avons dégusté les livrables : Brunello 2018 et Brunello Riserva 2017
Millésime 2018
L’année a commencé avec des températures supérieures à la moyenne saisonnière, jusqu’à fin février, période de forte baisse des températures avec des chutes de neige sur tout le territoire avec de températures très basses allant jusqu’à de -10°C.
Faibles chutes de neige et pluies en mars avec des températures de 0° à 15° dans la dernière partie du mois ont permis une forte accumulation d’humidité dans le sol.
Avril, mois du débourrement, a connu des précipitations sporadiques et des températures minimales autour de 5°C, augmentant brusquement à partir du milieu du mois.
En mai, des précipitations fréquentes et abondantes accompagnées de températures élevées ont permis un développement végétatif optimal avec la floraison qui a commencé dans la phase finale du mois.
Grâce à une très bonne accumulation d’eau dans le sol, la vigne a bien supporté les fortes températures de juin et juillet, n’a pas souffert du stress hydrique.
Un léger retard a été noté dans la véraison, qui a débuté en seconde quinzaine de juillet.
Le mois d’août a été caractérisé par des pluies faibles et intermittentes au cours des trois premières semaines et des températures moyennes de 25°C.
En revanche une forte baisse de température dans les derniers jours du mois d’août, a entraîné un léger retard de la maturation de raisins.
La première semaine de septembre avec quelques jours de pluie et des températures jusqu’à 30°C, a assuré une bonne maturation de grappes.
Des averses de pluie et des températures autour de 20°C dès la seconde quinzaine de septembre ont incité les producteurs à avancer le début des vendanges du Sangiovese afin d’assurer un bon état sanitaire du raisin.
Au final les raisins de Sangiovese étaient en bon état phytosanitaire. Le poids moyen des baies était moyen-élevé et les vins produits présentaient des caractéristiques d’une plus grande élégance et finesse, avec des structures pas trop importantes, mais des tanins bien équilibrés, les vins sont frais avec une belle aromatique de fruits frais.
Le millésime classé 4*
« 2018 est à nouveau un millésime classique. Les maturations ont été un peu plus longues, sans pics de chaleur. Le 2018 a une bonne acidité, de l’élégance, des tanins bien construits et persistants, avec un fond de fruit très frais. »
Fabrizio Bindocci, Président du Consorzio (Conseil Interprofessionnel de vins de Brunello)
Mon Top 20 Brunello 2018
Beatesca
Bellaria – Assunto
Canalicchio di Sopra – Vigna la Casaccia
Casanova di Neri
Cava d’Onice – Colombaio
Donatella Cinelli Colombini – Progetto Prime Donne
Ciacci Piccolomini d’Aragona – Piangrosso
Col d’Orcia
Giodo
La Gerla – La Pieve
La Magia – Ciliegio
La Palazzetta
La Rasina – Persante
Mastrojanni – Vigna Loreto
Poggio di Sotto
Talenti – Piero
Tassi – Vigna Colombaiolo
Tiezzi – Vigna Soccorso
Uccelliera
Val di Suga – Vigna del Lago
Millésime 2017
C’est un millésime qui a mis à rude épreuve tous les producteurs de Montalcino à cause de plusieurs aléas climatiques complètement inattendus comme les très tardives gelés d’avril, ainsi la période d’une longue sècheresse dans certaines zones de l’appellation qui n’ont pas vu aucune goutte de pluie durant plusieurs mois sans oublier de températures extrêmes en juillet et en août.
La conséquence directe de cette climatologie c’est le volume très bas de la récolte, en moyenne -40%.
Bien évidemment il a fallu trier, sélectionner pour élaborer de Brunello à la hauteur de sa réputation. Tous les producteurs de l’appellation font toujours le maximum pour produire de grands vins d’une qualité irréprochable, même si le millésime joue le détour, ils savent et ils doivent s’adapter dans cette grande appellation qui bénéficie de terroirs d’exception.
Les vins issus du millésime 2017 sont assez généreux avec une bonne matière, ont des notes de fruits murs et pulpeux, quelques fois les robes sont assez claires, mais les vins ne mangent pas de la structure tannique.
C’est un millésime où il a fallu être très vigilant pendant les vinifications, ne rien lâcher, afin de bien gérer les macérations, pas trop longues, car au final le résultat pourrait être impardonnable avec de tannins secs et végétaux.
Effectivement ça a demandé aux producteurs beaucoup de réflexion pour la gestion du bois, pendant le long processus d’élevage de Riserva.
C’était un millésime assez précoce avec les vendanges qui ont débuté à la 2e ou à la 3e semaine de septembre pour la plupart.
Les vins du millésime 2017 ont une belle buvabilité dans l’ensemble, sont assez fruité et plaisants en bouche, on remarque une bonne gestion de la structure tannique, certes de tanins fermes, mais sans trop d’extraction de la matière, pas de sécheresse en finale, gardent une bonne fraicheur, sont prometteurs.
Millésime classé 4*
Mon Top 20 Brunello Riserva 2017
Banfi – Poggio alle Mura
Carpineto
Castello Romitorio
Fattoi
Fattoria dei Barbi
La Casaccia di Franceschi
La Lecciaia
La Poderina – Poggio Abate
Mocali
Patrizia Cencioni – 123
Poggio Antigo
Poggio dell’Aquila
Roberto Cipresso
Ruffino
Santa Gulia
Sesti – Phenomena
Tenuta di Sesta – Duelecci Ovest
Tenuta la Fuga – Le Due Sorelle
Verbena
Villa Poggio Salvi
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